Mieux apprendre, mieux être par le mouvement

Pourquoi s’intéresser aux réflexes archaïques?

Votre enfant a des difficultés à se concentrer ? Pendant les devoirs, il gigote, ne tient pas en place, se tient la tête quand il écrit et perd sa motivation… La lecture lui demande de gros efforts et le fatigue. Il confond de nombreuses lettres comme le b d p q ? On vous a évoqué un trouble dys (dyslexique, dyspraxique, dysgraphique…), de l’attention (TDA, TDAH) ou un trouble autistique.

L’entrainement aux mouvements rythmiques

La cause est peut être à explorer du côté des réflexes archaïques qui, pour de multiples raisons, n’auraient pas complété leur maturation au cours de la petite enfance.

Que sont les réflexes archaïques ou primitifs?

Qu’est-ce qu’un réflexe ?

Vous connaissez le test du marteau, que le médecin effectue au niveau du genou?

Il illustre bien ce qu’est un réflexe : une réaction involontaire (la jambe qui s’étire) à un stimulus donné (le contact du marteau sur le genou).

Et les réflexes archaïques?

À la naissance, pendant le premier examen clinique, la sage-femme ou le pédiatre teste les réflexes de votre bébé. C’est son équipement de base, signe d’une certaine maturité neurologique. Certains de ces réflexes disparaîtront au fur et à mesure de son développement, certains resteront, comme le réflexe de déglutition ou de la toux.

Les réflexes archaïques ont la particularité d’être gérés par la partie la plus primitive de notre cerveau, le tronc cérébral, avant même la naissance. Celui-ci est responsable de l’instinct de survie : il s’assure que notre organisme est en sécurité. C’est la partie la plus ancienne du cerveau, celle que nous avons en commun avec les reptiles (d’où son ancien nom de « cerveau reptilien »). Cette partie s’occupe des fonctions automatiques de notre système nerveux comme la respiration, les battements du cœur, la digestion etc.

image de : LE BLOG DE MAM ZIC

Ainsi, un réflexe archaïque est une réaction innée du nourrisson suite à un stimulus.

Ils sont donc d’abord indispensables à la survie du bébé. On en reconnait facilement certains :

– le réflexe d’agrippement : lorsqu’on place un doigt dans la main du nouveau-né vous avez sans doute constaté qu’il referme sa main et tient très fermement votre doigt. Plus tard, c’est ce qui permettra à l’enfant de saisir les objets : le mouvement devient volontaire.

– le réflexe de la marche automatique : à la naissance le pédiatre positionne le bébé verticalement et il marche automatiquement. Ce réflexe disparaît au bout de quelques semaines, pour réapparaître plus tard de manière volontaire lors de l’acquisition de la marche.

À quoi servent les réflexes archaïques?

Les réflexes archaïques, lorsqu’intégrés (ou inhibés), permettent à l’enfant de passer d’un mouvement involontaire (réaction)  à un mouvement volontaire (action).

Ils permettent de créer les patrons de mouvement qui permettront à l’enfant de bouger, de développer son tonus musculaire, sa coordination, son organisation visuelle et spatiale par exemple. Ces patrons de mouvement constituent les fondations essentielles pour bien grandir, apprendre, se concentrer, gérer ses émotions.

Si on imagine une grande toile d’araignée, les réflexes archaïques seraient les fils du centre de la toile, le soutien de la toile, sur lesquels les autres fils vont se développer.

extrait de Xenius

Comment se mettent en place et évoluent les réflexes archaïques?

Les réflexes archaïques présentent un cycle de vie en trois phases:

  1. L’émergence: celle-ci peut avoir lieu avant la naissance. C’est le moment où le bébé, en réponse à un stimulus, aura une réaction involontaire (le réflexe).
  2. L’exploration: c’est pendant cette phase que le nourrisson fait l’expérience du réflexe.
  3. L’intégration (ou inhibition) : c’est l’appropriation du réflexe par le cerveau. C’est une étape cruciale dans l’acquisition du mouvement volontaire.

Il peut exister une quatrième phase : la rémanence. Celle-ci fera réapparaître le réflexe, suite à une situation de stress intense, à un traumatisme, à un choc.

C’est la raison pour laquelle une prise en charge peut débuter à tout âge.

Pendant la phase d’exploration, le bébé répète ces mouvements réflexes. D’apparence insignifiants, ils contribuent à la connexion des aires du cerveau alors en plein développement.

Ils sont donc indispensables au bon développement psychomoteur, sensoriel et cognitif du nourrisson puis de l’enfant.

Pourquoi certains réflexes archaïques n’ont-ils pas pu s’intégrer?

Il arrive que certains réflexes ne se développent pas, ne s’intègrent pas complètement ou réapparaissent.

Plusieurs raisons pourraient expliquer de telles difficultés d’intégration des réflexes : stress de la mère ou du foetus, accouchement difficile ou par césarienne, naissance prématurée, choc émotionnel, développement moteur entravé (stimulation précoce non respectueuse du rythme biologique de l’enfant, utilisation excessive du cosy, trotteur…) etc.

Face à un réflexe toujours actif, l’individu est gêné dans ses apprentissages et va alors développer des compensations. Ces efforts permanents pour contrôler des mouvements qui lui échappent engendrent des difficultés : tensions corporelles, fatigabilité, manque de confiance en soi… Pouvant aller jusqu’à des difficultés d’apprentissage et des difficultés de comportement. Un réflexe d’agrippement non intégré par exemple aura pour conséquence une pression excessive sur le stylo…

L’enfant, parasité par ces mouvements intérieurs qu’il ne contrôle pas, n’a pas accès à tout son potentiel d’apprentissage. On dit de lui qu’il est maladroit, qu’il se tient mal, qu’il est inattentif voire hyperactif…

Je suis formée au cursus complet de la méthode BRMT® du Docteur Blomberg, que j’ai enrichi par la méthode arc en flex® et RMTi. J’ai suivi près de 800h de formation en réflexes archaïques car cela me passionne!

Il s’agit d’ un programme de remodelages sensoriels et de mouvements spécifiques, de pressions isométriques, qui aident à reconstruire les bases du développement psychomoteur. Leur intégration permet au cerveau de se réorganiser, de créer de nouvelles connexions et donc de donner au système nerveux une nouvelle chance de se développer harmonieusement.

Exemples de réflexes et conséquences possibles s’ils ne sont pas intégrés :

Réflexe de Moro 

Lors d’un bruit ou d’un mouvement soudain, le bébé réagit en écartant les deux bras symétriquement puis les rejoint en arc de cercle, il relève les jambes et peut émettre un cri ou se mettre à pleurer.
C’est un réflexe de protection qui s’inhibe vers l’âge de 3 à 6 mois, à condition que le bébé soit écouté et consolé lorsqu’il exprime ses peurs. Cette phase sécurisante est donc très importante. Si ce réflexe n’est pas intégré, on remarque plusieurs de ces caractéristiques :

  • hypersensibilité ( à la lumière, au bruit…) ou hyposensibilité
  • hyperactivité
  • humeur changeante
  • mal des transports
  • anxiété, stress, peur de l’échec
  • timidité, manque de confiance en soi, difficultés à entrer en relation
  • fatigable, s’endort très vite
  • système immunitaire faible (allergies, souvent malade…)

Réflexe d’agrippement

Actif de la naissance jusqu’à 1 an de vie, quand le bébé serre très fortement le doigt de l’adulte si fort qu’il est possible de le soulever ! Il est important que ce réflexe s’intègre, en laissant l’enfant manipuler des objets, recevoir des massages de mains afin de développer sa motricité fine, entre autres. Si ce réflexe ne s’intègre pas, l’enfant peut rencontrer plus tard les difficultés suivantes :

  • difficultés en graphisme
  • difficultés avec l’écriture
  • mauvaise tenue du stylo, pression excessive sur le stylo
  • difficultés de langage et de communication

Réflexe de Babinski

Lorsqu’on stimule le bord externe du pied, du talon à l’orteil, cela provoque un mouvement du pied ainsi que des orteils qui s’étendent en éventail. Ce réflexe s’intègre entre la 1ère et la 2ème année de vie de l’enfant, mais peut rester actif jusqu’à ses 3 ans ou plus. Il doit finalement s’intégrer afin d’éviter les conséquences suivantes : 

  • manque d’ancrage et de stabilité
  • faible équilibre
  • lent, aime peu marcher et encore moins courir
  • difficultés langagières
  • motricité globale et fine faible
  • marche sur l’avant des pieds
  • marche sur l’intérieur ou l’extérieur des pieds

Réflexe Tonique Asymétrique du Cou (RTAC)

Ce réflexe est actif jusqu’à 4 à 6 mois. Une rotation de la tête entraine une extension du bras et de la jambe de ce côté tandis que les membres du côté opposé fléchissent. Ce réflexe doit être bien présent des deux côtés chez le nouveau-né car il est important pour son développement, notamment pour l’audition, la vision de près et le système vestibulaire. Conséquences possibles si ce réflexe n’est pas correctement intégré : 

  • mauvaise coordination entre les deux côtés du corps
  • mauvaise coordination œil-main
  • difficultés à lancer et à attraper
  • maladresse
  • difficultés d’attention, de concentration, de mémorisation…
  • difficultés d’apprentissages
  • dyslexie
  • difficultés pour apprendre à écrire
  • difficultés pour s’habiller (boutonner, lacer…)
  • hyperactivité

Réflexe Tonique Symétrique du Cou (RTSC)

Il s’intègre autour du 10ème mois de vie de l’enfant, lorsque ce dernier acquiert la marche à quatre pattes. Allongé sur le ventre ou à genoux, lorsqu’il penche sa tête vers l’avant ses bras se plient tandis que ses jambes se raidissent, inversement lorsqu’il penche la tête vers l’arrière, ses bras se tendent alors que ses jambes se plient. C’est grâce à ces mouvements réflexes qui s’alternent que le bébé trouve le bon équilibre pour parvenir à tenir à quatre pattes. Si ce réflexe ne s’intègre pas correctement, l’enfant peut rencontrer :

  • difficultés d’apprentissages
  • difficultés d’attention, de concentration
  • une mauvaise coordination entre le haut et le bas du corps
  • manque de tonus musculaire
  • inconfort et fatigue en posture assise
  • (enroule ses pieds autour de ceux de la chaise, les replie sous ses fesses, s’affaisse sur le bureau…)

Est ce que les comportements des parents peuvent influencer sur l’intégration des réflexes archaïques?

L’environnement de l’enfant et les stimuli affectifs et sensoriels qu’il reçoit jouent un rôle capital dans le développement des réflexes primitifs. Si ces mouvements réflexes sont déterminés par notre code génétique, ils sont modulés par le milieu dans lequel évolue l’enfant.

« En voulant le tenir assis, non seulement, l’enfant est inconfortable dans une posture qui mobilise des chaînes musculaires qu’il n’a pas encore développées, ce qui engendre des tensions corporelles, mais surtout cela le fait accéder à une posture alors qu’il n’a pas suffisamment développé les réflexes primitifs qui la préparent. Ce serait comme construire une maison alors que les fondations ne sont pas bien en place. »

« [Les réflexes primitifs] peuvent être considérés comme des échafaudages grâce auxquels les étapes du développement neuro-sensoriel et moteur de l’enfant peuvent être franchies avec succès. »   

Marie-Claude Maisonneuve

Origines de la méthode d’intégration des réflexes archaïques

Kerstin Linde, thérapeute autodidacte suédoise. C’est en s’inspirant des mouvements rythmiques que font spontanément les bébes avant d’apprendre à marcher qu’elle a conçu cette méthode pour ses patients handicapés moteurs sévères. Les progrès de cette rééducation motrice ont également montré des améliorations sur les fonctions telles que le langage, les fonctions cognitives et les fonctions affectives.

Dr Harald Blomberg, docteur en Psychiatrie, créateur du RMT® (Rhythmic Movement Training), Suède. C’est en suivant pendant trois années les travaux de Kerstin Linde, et en les testant sur ses patients psychiatriques et ayant des troubles autistiques qu’il a observé des changements positifs. Afin d’en faire une méthode reconnue scientifiquement, il a reposé sa théorie sur celle de la plasticité cérébrale.

Plusieurs écoles ont actuellement vu le jour et ont adapté la méthode aux difficultés scolaires chez les enfants et/ou aux déséquilibres posturaux chez l’adlute. En effet, si le dévéloppement de ces réflexes n’est pas harmonieux et que certains persistent, ils vont créer des asymétries dans le corps, des attitudes scoliotiques, des douleurs dorsales, lombaires, cervicales… et des déséquilibres psychiques : anxiété, hypersensibilité, état dépressif, instabilité, irritabilité etc.

A nouveau, on voit toute l’importance du corps dans l’équilibre physique et psychique de l’être humain.